LIO & PASCALE BOREL 18/02 Paris : compte-rendu

LIO & PASCALE BOREL
le 18 février 2009 Zèbre de Belleville à Paris :

Offert par LIO et PASCALE BOREL comme un cadeau contre 15 petits euros à leurs fans respectifs (et dont beaucoup sont autant admirateurs de l’une comme de l’autre), ce concert à deux têtes fut une féérie pop acoustique, (positivement) légère, joyeuse et vivifiante.

Devant deux cents personnes dans un Zèbre de Belleville plein comme un œuf, durant (environ) une heure vingt, les deux Brunes ont proposé des relectures pétillantes et estivales d’anciens titres. Et elles nous ont fait découvrir de nouveaux morceaux, avec autant d’émotion que de franche bonne humeur.

Le concept de cette soirée, ponctuée de cinq ou six duos : tandis que l’une chantait en solo une ou deux chansons, l’autre se mettait en retrait et devenait choriste (de luxe). Tout cela dans un état d’esprit sympa, de réelle camaraderie.

LIO et PASCALE sont d’ailleurs arrivées sur scène en même temps, dans l’ombre, après que les musiciens (1) se soient installés, pour interpréter en ouverture un duo de bonne augure : la chanson “AUX HOMMES”.

« Bienvenue à ce concert freestyle ! », a déclaré LIO aussitôt après. Par “Freestyle”, il faut comprendre qu’il s’agissait d’un concert quasi-improvisé, conçu entre amis, pour des adeptes de pop française complices, conscients et ravis d’assister là à un moment privilégié.

Ce 19 février — comme lors de ses précédents spectacles (“LIO CHANTE PRÉVERT” en tournée de 2000 à janvier 2006 ; les miniconcerts acoustiques au Triptyque et à la Fnac Ternes début 2006 pour promouvoir le CD “DITES AU PRINCE CHARMANT” ; sa participation pour “JE TE HAIS” et un “BANANA SPLIT” punky au concert de JACQUES DUVALL au Klub à Paris le 20 décembre 2006) — LIO était, est et sera toujours l’éternelle et parfaite Rock’n’Roll Brunette sous influence yé-yé sixties Motown matinée d’attitude punkette intelligente. Et toujours dotée d’un sens précis, à la fois pointu et populaire, de l’esthétisme, dans le choix des chansons (textes, musiques, arrangements) comme dans le look.

Au Zèbre de Belleville, elle était vêtue d’une mini robe noire, avec des cheveux couleur corbeau et une frange tendance Betty Page (en moins strict, plus naturel et plus cool). Un total look dans l’esprit des illutrations flashy (réalisées par ANGÈLE LUCAS) sur la couverture et le livret de son double CD “JE GARDE QUELQUES IMAGES… POUR MES VIES POSTÉRIEURES” (paru en novembre 2008).

Quand LIO a interprété ses tubes au tempo rapide “AMOUREUX SOLITAIRES”, “LE BANANA SPLIT”, “LES BRUNES COMPTENT PAS POUR DES PRUNES” (en duo avec PASCALE BOREL pour ce dernier titre), on se serait cru de retour en 1986/1989 (des années en or pour LIO, à tous les niveaux : artistique, médiatique, public, visuel). Elle a chanté ces tubes immortels et magiques avec le même pep’s tonique et dynamique qu’elle interprète les perles de ses albums chefs-d’œuvre “POP MODEL” (1986) et “CAN CAN” (1988).

Les versions live acoustiques de ces titres étaient réjouissantes, ludiques, enjouées, fraîches, différentes des originaux studios et tout aussi enthousiasmantes.

Quelque part, on pouvait s’imaginer dans un clip imaginaire et éphémère de COSTA KEKEMINIS (réalisateur des vidéos de “LES BRUNES…”, “BARBIE”/“FALLAIT PAS COMMENCER” et du moyen métrage de 52 mn “LIO NOUS FAIT UNE SCÈNE (OLYMPIA 1987)”), au niveau de l’ambiance comme de la créativité qui s’en dégageaient.

L’autre facette de LIO, à savoir son amour pour les ballades, était tout aussi présente. Quand il s’agit de titres mélancoliques, sa voix chantante actuelle — c’est-à-dire celle que l’on peut entendre sur l’album “DITES AU PRINCE CHARMANT” — laisse apparaître les fêlures, désanchantements et errances qu’elle a pu connaître au fil des années 90. Elle est plus grave dans les tonalités (je ne sais pas si le terme convient, n’étant pas un spécialiste des termes techniques de chant), voilée et légèrement brisée que dans ses enregistrements studios 1981/1996 (c’est-à-dire du premier 33 tours au fantastique gothique garage rock punky langoureux “WANDATTA”).

C’est par exemple le cas sur “DANS LES BRAS D’UN ENFANT”. « Cette chanson est très importante pour moi et exprime des sentiments forts. Elle a été écrite par DORIAND et PETER VAN POEHL, et je tiens à les saluer », a dit LIO en intro de ce titre. Musicalement, le piano de MATU respectait les arrangements et le son de la version studio 2006.

« JACQUES DUVALL a écrit le texte de la prochaine chanson. C’est la première fois que je l’interprète sur scène », a dit la Pop Model pour présenter “LES CHOSES FACILES” (sur une musique de JÉRÉMIE LEFEBVRE ?). Ce titre ainsi que “FEMME D’INTÉRIEUR” (là aussi une nouvelle chanson) laissent présager de l’ambiance artistique et musicale du prochain CD de LIO.

C’est-à-dire qu’on peut imaginer un futur album avec des titres dans l’esprit de “LE MÊME SOURIRE” ( Jacques Duvall/Jay Alanski) ou “LA FIN DU MONDE” ( Jacques Duvall/Joseph Racaille), à la fois mélancoliques et positifs, doux-amers et sereins. Une ambiance où LIO se sert de son expérience de femme et de chanteuse pour aller encore plus fort de l’avant, sur une musique pop acoustique. Un disque qui serait dans le prolongement de l’album “DITES AU PRINCE CHARMANT” en plus abouti, avec une ambiance plus zen et apaisée (comme précisément dans “LE MÊME SOURIRE” ou “LA FIN DU MONDE” — les meilleurs titres de ce CD de 2006).

En intro de “JE VEUX QUE TU M’EMBRASSES”, LIO a dit en souriant mais avec une pointe d’inquiétude dans la voix : « Cette chanson dégage tellement de choses que je risque de m’effondrer en larmes en plein milieu de la chanson. » Au niveau sonorisation, le son de flûte traversière couvrait la voix de LIO. Cela empêchait de comprendre et de rentrer pleinement dans le texte, ainsi que dans l’interprétation qu’elle en faisait.

Le duo “MOYENNEMENT AMOUREUSE” était plus émouvant, moins “froid” (sans doute aussi parce qu’on l’avait en direct devant nous) et musicalement plus rodé que la version figurant sur le CD “JE GARDE QUELQUES IMAGES…” (même s’il s’agit d’un enregistrement live pour ce titre précis).

PASCALE BOREL a fait une super version de “FALLAIT PAS COMMENCER”. Elle a chanté l’intro et les couplets en entier. LIO l’accompagnait sur quelques fins de vers ainsi que pendant les refrains, reprenant avec entrain les toujours délicieux et chouettes passages décomplexés « dadoudidouda », « mon vieux t’es un connard, hey ! Avec un grand C ». Elles ont chanté ce titre un peu comme deux collégiennes délurées en vadrouille, prêtes à faire les quatre cents coups.

“L’AUTRE JOUE”, là aussi un duo, était plus introspectif. Normal, le (très beau) texte ne prête pas vraiment à rire. Même si au dernier couplet, LIO et PASCALE se sont regardées en souriant et en riant un petit peu (pour rattraper un léger décalage qu’il y a eu à un début de couplet).

Et puis donc bien sûr “LES BRUNES COMPTENT PAS POUR DES PRUNES” (juste avant le rappel “J’AI DES COPAINS”), c’était un régal absolu (pour moi, ce titre est “le” single 45 tours du vingtième siècle). Cette chanson est un bijou méritant clairement (comme tous les tubes de LIO), d’un point de vue artistique, textuel et musical son statut de mégagigatube imparable et puissant.

PASCALE BOREL a quant à elle interprété des titres de son album solo (“SI J’ÉTAIS UNE VACHE”, “ALICANTE”, etc.) ainsi que des compos inédites, toutes signées JÉRÉMIE LEFEBVRE. Des titres toujours facétieux, plein d’autodérision, mêlant vécu (“LES BORDELAISES”) et imaginaire, ou qui lui permettent entre autres de se mettre dans la peau d’un(e) adolescent(e) (“18 ANS”). Ces titres sont dans la continuité de “LA FILLE DU SOLEIL” ou “NAUFRAGE EN HIVER” de MIKADO (le duo qu’elle formait dans les 80s avec CZERKINSKY), avec moins de synthés et plus de guitares acoustiques.

(1) : JÉRÉMIE LEFEBVRE était à la direction musicale, à la guitare et a composé les trois quarts des morceaux joués ce soir-là. Le guitariste électro-acoustique et/ou bassiste ÉRYK AMAH jouait de la guitare électro-acoustique sur certains titres, de la basse sur d’autres. MATU (qui a joué dans les groupes HAINE ET SES AMOURS, CHIHUAHUA, FRÈRES MISÈRE dans les 90s) a un son de clavier faisant penser aux divers sons de piano qu’on entend sur l’album “SANDINISTA !” de CLASH. PHILIPPE CASABIANCA (du groupe EL FACTEUR) était aux percussions et à la batterie acoustique. MARIE LEFEBVRE faisait les chœurs et, sur quelques morceaux, de la flûte traversière.

François Guibert

Set list :
• “AUX HOMMES” (en duo).
• “18 ANS” (PASCALE BOREL).
• “AMOUREUX SOLITAIRES” (LIO).
• “LES BORDELAISES” (PASCALE BOREL).
• “DANS LES BRAS D’UN ENFANT” (LIO).
• “LES CHOSES FACILES“ (LIO).
• “MOYENNEMENT AMOUREUSE” (en duo).
• “RATER MA VIE” (PASCALE BOREL).
• “SI J’ÉTAIS UNE VACHE” (PASCALE BOREL).
• “UN PETIT COUP” (LIO).
• “LE BANANA SPLIT” (LIO).
• “JE TE VEUX” (PASCALE BOREL).
• “FEMME D’INTÉRIEUR” (LIO).
• “POISSON ROUGE” (PASCALE BOREL).
• “JE VEUX QUE TU M’EMBRASSES” (LIO).
• “FALLAIT PAS COMMENCER” (PASCALE BOREL + aussi LIO sur les refrains).
• “L’AUTRE JOUR” (en duo).
• “ALICANTE” (PASCALE BOREL).
• “LES BRUNES COMPTENT PAS POUR DES PRUNES” (en duo).
• Rappel : “J’AI DES COPAINS” (en duo).